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DE PIERRE DE RONSARD

et en un autre endroit au cinquiesme livre des Odes, en la deuxiesme à Madame Marguerite, Duchesse de Savoye, quand il dit[1] :

Mais que feray-je à ce vulgaire
A qui jamais je n’ay sceu plaire,
N’y ne plais, ny plaire[2] ne veux ?


Et puis

L’un crie que trop je me vante.
L’autre que le vers que je chante
N’est point bien joinct ne maçonné *.


Occasion pour laquelle[3], voyant que l’obscurité dont on le blasmoit venoit de l’ignorance de ceux qui lisoient ses œuvres, delibera[4] d’escrire en stile plus facile les Amours de Marie *, qui estoit une fille d’Anjou, et laquelle il entend souvent | souz le nom du Pin de [15] Bourgueil[5] *, qu’il a vrayment aimée. Et afin[6] d’oster toute obscurité, M. Antoine de Muret, et Remy Belleau dresserent des annotations sur la premiere et seconde partie de ses Amours *. Le mesme[7] Muret (outre ce que Ronsard en plusieurs endroicts defend luy mesme sa cause) en l’epistre qu’il rescrit à monsieur Fumée, avant son commentaire sur les Amours, respond à toutes ces calomnies *, lesquelles en fin ressemblerent[8] aux bouteilles que font les petits enfans, avec le savon, qui se crevent aussi tost qu’elles sont faictes, et ne laissent aucune marque d’avoir esté, n’estant autre chose que vent[9] : ou comme des nuës qui engendrées du broüillas d’une nuict,

  1. B Et (on lit aussi Et en A) en un autre endroit au cinquiesme livre des Odes, en celle à Madame Marguerite, Duchesse de Savoye, où il dit : (suit la citation de A) | C Et en un autre endroit, (suit la citation de AB)
  2. A N’y ne plais, n’y plaire
  3. BC Raison pour laquelle
  4. C voyant que la docte obscurité, dont on le blasmoit, venoit de l’ignorance de ceux qui lisoient ses œuvres, il delibera
  5. C qui estoit une belle fille d’Anjou, et laquelle il entend souvent sous le nom du Pin de Bourgueil, parce que c’est le lieu où elle demeuroit et où il la vid premierement, s’estant trouve là avec un sien amy qui estoit Baïf *.
  6. A aimée : Et afin | B aimée, et de laquelle * se lisent assez de Sonnets, que le peu d’artifice et la pure simplicité recommandent. Et afin | C Il l’a fort aimée après avoir fait l’amour à Cassandre dix ans, et icelle quitté | 1604 quittée] par quelque jalousie conceuë *. Quant aux Amours de Marie, il s’y trouve assez de Sonets, que le peu d’artifice et la pure simplicité à la Catullienne recommandent beaucoup *. Mais à fin
  7. A Lemesme
  8. B seconde partie de ses Amours. Toutes ces calomnies en fin ressemblerent | C seconde partie de ses Amours. Il souloit dire que ces courtisans envieux ressembloient aux mastins qui cherchent à mordre la pierre qu’ils ne peuvent digerer *. Toutes ces calomnies en fin ressemblerent
  9. BC suppriment n’estant autre chose que vent