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malheur. C’est ainsi que parurent successivement, et même à des intervalles assez rapprochés entre eux, Amélie, ou l’Ange du hameau, dont la morale est toute dans ce dernier avertissement : « Souvenez-vous, mes enfants, que désobéir à sa mère, c’est en quelque sorte méconnaître l’autorité de Dieu ! » — Jean, ou le Fils du Bûcheron ; Léon, ou le Petit Moissonneur ; Marie, ou la Bienfaisante petite Fille ; Théodore, ou l’Orphelin de l’École chrétienne ; Louis, ou l’Amour filial ; Mimi, ou le Petit Bossu ; Mathieu, ou une Famille pauvre ; Hélène ; les Deux Sœurs ; Léonie ; Nelly, et plusieurs autres ouvrages d’un style entraînant, naturel, plein d’abandon, et d’une imagination fertile et pure, et d’une morale aussi douce que persuasive.

Sans doute, il ne faudrait pas juger Mme Farrenc par le talent qu’elle a pu déployer dans cette collection d’ouvrages peu propres aux grands développements de l’esprit, plus utiles que brillants, moins faits pour les hommes que pour les enfants, galerie étroite et circonscrite, où le grand jour de la célébrité ne pénètre que difficilement ; mystérieux, obscur réduit qui ne reçoit qu’à peine un rayon du soleil de la gloire, où ne viendront jamais se concentrer tous les feux du ciel poétique ; non, sans doute ; mais dans ces pages, même si peu connues, dans ces pages silencieusement élaborées, qui se refusent aux yeux du monde et se dérobent aux applaudissements comme à la critique, que d’aperçus ingénieux, d’observations pleines de justesse et d’épanchements maternels et douloureux ! Oh ! pour qui ne dédaignerait pas de les lire, que de leçons profondes, que d’avertissements bien sentis ! Oh ! oui, décidément le malheur, c’est le poète !

Ce n’est pas que Mme Farrenc ne s’interrompît quelquefois involontairement, et comme à son insu, des tra-