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dans ses projets guerriers. Albéron rentre à Verdun au milieu des acclamations de son peuple ; toutefois il résigne bientôt son évêché entre les mains d’Albert de Marcey, s’enferme comme simple moine dans l’abbaye de Saint-Paul, où il meurt l’an 1158, enveloppé dans sa robe d’humilité.

A. de Noue.

Bercarii Hist. Epis. Verd. — Alberici Chron. an. 1131. — Henriquez, De Ord. Cist., liv. II.


ALBÉRON I, ou ADALBÉRON, évêque de Liége, reconnu comme bienheureux, était fils de Henri II, cinquième comte de Louvain (1063-1078). Son frère aîné, Henri III, dit le Jeune, recueillit la succession paternelle (1078-1096) ; mais, comme il mourut sans enfants, il transmit ses droits à son frère GodefroidI, dit le Barbu, qui reçut du roi Henri V, en 1106, l’investiture du duché de la Basse-Lorraine et du marquisat d’Anvers, et que l’on considère comme la tige des ducs héréditaires de Lothier et de Brabant (1096-1140).

L’ancienne chronique de Sainte-Gudule à Bruxelles[1], ordinairement si exacte dans les détails généalogiques sur la maison de Louvain et de Brabant, confond Albéron avec saint Albert de Louvain, qui illustra le siège épiscopal de Liége par le martyre, en 1192[2].

Albéron était très-jeune encore lorsqu’il se consacra à l’état ecclésiastique ; il devint, non moins par son mérite personnel que par sa naissance, chanoine primicier ou princier de l’église de Saint-Étienne à Metz.

Après la mort du bienheureux Frédéric, en 1121, le siége épiscopal de Liége resta vacant près de deux ans. Mais les cruelles dissensions qui agitaient depuis si longtemps l’Église touchaient à leur terme : en 1122, un accord avait été signé entre le pape Calixte II et l’empereur Henri V ; l’élection canonique et la libre consécration des évêques furent rétablies, et l’Empereur renonça à toute investiture par l’anneau et la crosse, en se réservant le pouvoir de donner par le sceptre l’investiture des fiefs royaux ou des droits régaliens. L’année suivante, l’Empereur, après avoir célébré les fêtes de Pâques à Aix-la-Chapelle, se rendit à Liége. On y traita, pendant son séjour, de l’élection d’un évêque. Le frère du duc de Lothier faisait alors l’ornement de l’Église de Metz, et la renommée répandait partout l’éclat de ses vertus. Le vœu unanime du chapitre porta Albéron sur le siège de saint Lambert[3]. Il reçut immédiatement de l’Empereur l’investiture des droits régaliens de la principauté de Liége, et, peu après, son sacre se fit par son métropolitain, l’archevêque de Cologne, Frédéric de Schwarzenbourg, qui rejeta alors, pour la seconde fois, un usurpateur de l’évêché de Liége, l’archidiacre Alexandre de Juliers, protégé autrefois par Godefroid le Barbu lui-même. Ce prince, abandonnant un ancien allié pour maintenir l’élection de son frère, favorisait ainsi les intérêts de sa famille et procurait un nouveau lustre à la maison de Louvain, dont l’influence grandissait chaque jour.

D’une grande simplicité dans toute sa conduite, Albéron reflétait admirablement les vertus et la piété de son prédécesseur : sa vie entière fut pure et innocente[4]. La douceur de son cœur le portait naturellement à faire goûter à son peuple les bienfaits de la paix et les effets de la clémence ; cependant l’énergie nécessaire pour réprimer sévèrement ceux qui cherchaient à entretenir des troubles ne lui fit point défaut.

Un de ses premiers soins fut de purger son diocèse des brigands qui l’infestaient. Une de leurs retraites était le château de Fauquemont. Goswin II, seigneur de Fauquemont et de Heinsberg, étant parvenu à se faire donner le titre d’avoué de l’Église de Mersen, n’usa de sa puissance que pour rançonner le territoire de Fau-

  1. Ms. de Gérard, chap. X. Voyez nos Recherches sur l’histoire des comtes de Louvain et sur leurs sépultures à Nivelles, p. 46.
  2. Voyez sa notice ci-dessous.
  3. Dans le Ms. de la chronique de Jean d’Outre-Meuse, il est dit qu’il fut élu évêque par le chapitre. Toutes les sources historiques sont d’accord pour affirmer que le vœu de tout le monde l’éleva à l’épiscopat.
  4. Un auteur contemporain trace ainsi son portrait : Vir simplex et rectus, lenis, pudicus, sine avaritia, bonis moribus, nobilior nobilibus. Voyez la chronique de Raoul, abbé de Saint-Trond, dans le Spicilegium de d’Achéry, t. II, p. 702.