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ghe ; 2° qu’en garantie de ce payement, le roi lui délivrerait les terres de Hal et de Braine-le-Comte sises en Hainaut. Ces terres lui furent en effet transportées par des lettres patentes du 5 février 1649 ; et, comme le trésor ne fut jamais en état de payer les douze cent mille florins, elles lui restèrent. Elles font encore aujourd’hui partie des possessions de la maison d’Arenberg.

La signature de la convention du 12 novembre 1648 donna lieu à une difficulté qui paraîtra bien futile aujourd’hui, mais qui, à cette époque, occupa tous les corps de l’État. Le chef de la maison d’Arenberg avait signé Le duc d’Arenberg et d’Arschot ; le conseil des finances ne voulut pas admettre cette signature, soutenant que le titre belge de duc d’Arschot devait précéder le titre étranger de duc d’Arenberg. Le conseil privé et le conseil d’État délibérèrent sur cet incident. L’archiduc Léopold, frère de l’Empereur, qui gouvernait les Pays-Bas, en référa à Madrid. Philippe IV renvoya la chose au conseil privé. Le 23 avril 1649, ce conseil collatéral déclara que, « par provision et jusques à ce que, par information plus particulière, et ouïs ceux qu’il appartiendrait, en fût par lui ordonné, le titre d’Arenberg pourrait être mis, en ordre d’écriture, ès « dépêches concernant Zevenberghe, devant celui d’Arschot, à charge et condition que par ce ne serait fait aucun préjudice aux grands d’Espagne ni à qui que ce fût, et que ledit duc ne pourrait, de ce chef, prétendre aucune prérogative ou prééminence particulière : » le duc déclara de son côté que, « son intention n’étant en aucune façon contraire à celle qu’il plaisait au conseil, il en pourrait user comme il lui plairait[1]. » L’acte du 23 avril statuait pour un cas spécial. La difficulté qui s’était élevée se renouvela dans les rapports du duc avec le gouvernement des Pays-Bas ; l’archiduc Léopold refusa de recevoir des lettres que Philippe-François d’Arenberg avait signées Le duc d’Arenberg et d’Arschot. Ce dernier s’en plaignit ; il allégua que la qualification qu’il prenait et se croyait en droit de prendre ne portait de préjudice ni au roi ni à personne : « J’assure à Votre Altesse — écrivit-il à l’archiduc — que, si Dieu m’eût fait naître de la maison d’Arschot, comme il m’a fait naître de la maison d’Arenberg, j’attacherais autant de prix à conserver le nom et le » titre d’Arschot que j’en attache à conserver ceux d’Arenberg. » Il réclama aussi auprès du roi. Philippe IV, mieux disposé pour lui que ne l’était l’archiduc, n’accueillit pourtant point ses raisons : il lui fit insinuer de s’abstenir d’user, aux Pays-Bas, du titre de duc d’Arenberg, en se contentant de celui de duc d’Arschot, auquel la grandesse d’Espagne était attribuée[2].

Au lieu de retourner en Espagne, Philippe-François d’Arenberg demanda à servir dans l’armée royale aux Pays-Bas. Il se fit inscrire d’abord sur les contrôles d’un régiment d’infanterie espagnole ; mais, bientôt après, l’archiduc Léopold lui donna à commander un régiment de cuirassiers allemands (1651). En 1656 (17 août), il fut nommé chef et général de toutes les compagnies d’ordonnances des Pays-Bas. Il se trouva à la plupart des affaires importantes qui signalèrent les campagnes de 1651 à 1658, et y fit preuve de qualités militaires qui lui acquirent l’estime de l’armée. Au siége d’Arras (juillet 1654), il était chargé de la garde de la tranchée avec six cents chevaux. Les Français firent, le 19 juillet, une sortie, au nombre de quinze cents hommes d’infanterie et plusieurs escadrons de cavalerie ; après une heure et demie de combat, ils furent obligés à rentrer dans la place, non sans avoir laissé beaucoup des leurs sur le terrain ; dans

  1. Lettre du 22 avril, adressée au conseil privé.
  2. Lettre de Philippe IV à l’archiduc Léopold, écrite de Madrid le 14 mai 1652 (Archives du royaume).
         Cela explique comment, dans les patentes des charges que le gouvernement espagnol conféra à Philippe-François d’Arenberg et à Charles-Eugène, son frère et son successeur, ils ne sont qualifiés que de ducs d’Arschot.
         Cette chicane qu’on faisait aux ducs d’Arenherg cessa à la mort de Charles II. Lorsque les Pays-Bas eurent passé sous la domination de la maison d’Autriche, les souverains de cette maison les qualifièrent, dans tous leurs actes, de ducs d’Arenberg, d’Arschot et de Croy.