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lité qu’il prit part aux opérations militaires dans le Limbourg et, notamment, à la bataille de Sutendael. La conduite de Fyon à l’armée liégeoise nous est connue par une lettre de Fabry à son fils Hyacinthe. « Je suis fatigué, dit-il, des rapports des chefs : contradictions, mauvaise humeur, sottises, etc. Au moins nous ne nous plaindrons pas de Fyon, il ne nous dit rien ; mais les autres se plaignent de ne pas être informés de ses marches ni de ce qu’il fait[1] ».

Cependant les affaires de la révolution allaient de mal en pis. Le congrès franchimontois, dont on connaît les tendances réunionistes, ne renonça pas à son rôle pour la cause. En septembre 1790, il créa, pour le ban de Franchimont, un comité exécutif, un comité judiciaire et un comité administratif. Fyon fut nommé membre du premier, mais il ne semble même pas y avoir siégé. En décembre 1790, à la veille du retour de Hoesnbroeck, il fit partie de la députation des patriotes liégeois à Bender, députation qui ne réussit pas, on le sait, à préserver le pays de Liége de l’invasion des troupes exécutrices.

Le rôle que Fyon avait joué pendant la révolution le désignait naturellement comme un des plus dangereux adversaires de l’état de choses rétabli. Aussi fut-il, dès le retour du prince, porté sur la première liste des bannis ; on lui enleva, en outre, sa place de maître des postes impériales pour la ville de Verviers ; ses biens furent confisqués ; l’ancienne magistrature, réintégrée dans ses fonctions, alla même jusqu’à l’accuser d’avoir dilapidé les deniers publics. Du reste, il n’avait pas attendu ces représailles, qui étaient certaines, et s’était réfugié à Paris même avant l’arrivée des Autrichiens. Là, il continua plus que jamais à s’occuper des affaires politiques. On le vit tout d’abord entrer, avec les deux Franchimontois Brixhe et Dethier, au comité des Belges et Liégeois unis. En 1792, il fut député par ce comité avec Levoz et ses deux compatriotes, pour s’adjoindre à l’armée de Lafayette qui envahissait la Belgique. Il quitta le général avec ses collègues le 19 juin, pour aller se réunir, à Menin, aux quatre délégués belges qui accompagnaient le corps de Luckner entré en Flandres. Tous ensemble constituèrent le « comité révolutionnaire des Belges et Liégeois unis ». Lorsque Dumouriez, après avoir chassé les Impériaux de la Belgique, eut décrété pour le pays de Liége une convention nationale, Fyon revint dans son pays et fut élu, le 20 décembre 1792, membre de cette assemblée.

C’est là qu’on le voit désigné pour la première fois sous le nom de général. Il est probable qu’il servait comme tel dans le corps de Miranda. En effet, les 3 et 4 mars 1793, lors des échecs que les Autrichiens firent subir à celui-ci, c’est Fyon qui vint rassurer à tort ses collègues de la Convention et retarder leur fuite. Bientôt cependant la défaite des Français ne put plus être niée, et Fyon, comme les autres membres de l’assemblée, s’empressa d’abandonner Liége avant le retour des Autrichiens. La convention se réunit quelques jours à Lille ; puis, sur la nouvelle apportée par Fyon que la ville allait être mise en état de siége, elle se retira à Paris. La division ne tarda pas à se glisser dans ses rangs. Les Franchimontois qui, dès les débuts de la révolution, avaient manifesté des tendances séparatistes firent décidément bande à part et se rapprochèrent de la commune, à laquelle ils demandèrent un local, qui leur fut accordé. Mais le parti franchimontois lui-même ne devait pas rester uni : deux fractions s’y formèrent bientôt ; l’une, dirigée par l’avocat Brixhe, voulait franchement l’annexion à la France ; l’autre, dont le chef était Fyon, penchant vers la réconciliation avec Bassenge et Fabry. Le parti modéré l’emporta et les Franchimontois se réunirent de nouveau aux Liégeois. Malheureusement cette réunion n’atteignit pas les résultats qu’on en attendait.

Elle continua d’être travaillée par les démagogues de Brixhe et les modérés du

  1. Ad. Borgnet, Histoire de la révolution liégeoise, t. 1er, p. 328.