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taxes que les ducs de Lotharingie avaient l’habitude de prélever et obligea les bourgeois d’Aix à s’engager par serment à observer ses ordres.

Mais à peine avait-il accompli cet acte de vigueur qu’il mourut d’une maladie de foie, vers la fin de l’année 1142, ne laissant de sa femme Lutgarde, à ce qu’il semble, qu’un fils nommé également Godefroid et qui était encore très jeune. Il reçut la sépulture dans l’église Saint-Pierre, de Louvain, où son tombeau fut placé dans le chœur, vers le midi, mais on n’en voyait déjà plus de trace il y a plus de deux siècles. Il n’est resté pour ainsi dire aucun souvenir du règne de Godefroid II, si ce n’est une charte de l’an 1140, par laquelle il confirme les donations faites à l’église Saint-Pierre, de Louvain ; une de l’an 1141, en faveur de l’abbaye du Saint-Sépulcre, de Cambrai, et une dernière, par laquelle il accorde à l’ordre du Temple une part dans le droit de relief que ses vassaux lui payaient.

La célèbre guerre de Grimberghe, qui forme l’épisode le plus saillant du règne de son fils, commença de son temps. Mais on ne sait rien de positif sur les causes véritables de la rupture qui se déclara entre lui et les Berthout, les plus puissants de ses vassaux.

Alphonse Wauters.

Sigeberti Auctarium Affligemense. — Butkens, Trophées de Brabant, t. Ier, p 414. — Miræus et Foppens, Opéra diplomatica.


GODEFROID III, fils et successeur du précédent en 1143, mort en 1190.

Un chroniqueur contemporain , le Sigeberti Auctarium Affligemense , présente le tableau suivant de la situation du Brabant pendant les premières années du règne de Godefroid III. » Une guerre sanglante avait commencé depuis près de vingt ans entre le duc de Louvain Godefroid le Jeune et Walter Bertold. L’enfant Godefroid était encore au berceau. Une multitude de séditieux, appartenant à l’un et l’autre parti, troublaient la paix publique. De là des maux graves et en quelque sorte une contagion qui ravagea les domaines de tous deux. Les cultivateurs, dépouillés de leurs biens et réduits à la misère, abandonnèrent le pays, et la terre, déserte, demeura inculte. On ne voyait partout que destructions, incendies, homicides. Ce fut un pillage général pendant près de vingt années. Enfin, en 1159, pendant la quatrième guerre, Grimberghe succomba :

Cette antique cité, si longtemps souveraine,
Tombe, enfin...

Cette forteresse grande et fameuse, qui paraissait pouvoir résister à toute puissance humaine, fut, par un juste jugement de Dieu, livrée aux flammes et détruite de fond en comble. Cet événement eut lieu à la Saint-Remi (1er octobre 1159). Abandonné par le comte de Flandre, son seul appui, le seigneur demanda la paix au duc, mais tardivement. «

Ce passage a servi de base à des traditions qui ont entouré de circonstances romanesques la lutte de la puissante famille des Berthout contre le jeune duc de Brabant. De là est sorti, au xive siècle, un poème flamand , comprenant plus de douze mille vers, qui a été publié, en 1852 , par Serrure et Blommaert, pour la Société des Bibliophiles flamands. Jean Van Boendale, l’auteur des Brabantsche Yeesten, connaissait déjà ces fables et les rapporte de la manière suivante, après avoir parlé du duc Godefroid II : » Son successeur, connu sous le nom de Godefroid III, n’avait qu’un an à la mort de son père. L’empereur Conrad, d’après ce que je trouve, confirma cet enfant dans la seigneurie et le pouvoir que ses pères lui avaient transmis et qu’eux-mêmes, comme on l’a vu plus haut, avaient reçu de l’Empire. Plusieurs seigneurs voisins profitèrent de l’enfance du nouveau prince pour lui ravir une grande partie de ses revenus et de ses domaines. Quelques-uns eurent recours à la force ouverte. De ce nombre furent Walter Berthout, dont les livres exaltent partout la noblesse et les sentiments élevés, et Gérard, seigneur de Grimberghe. Ils détruisirent jusqu’aux