Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 7.djvu/446

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les bords du Piéton (Aqua Pietincialis), il descendit de cheval pour animer davantage les siens et livra à Godefroid (le 13 juillet, selon Lambert de Waterlos ; au mois d’août, selon Gislebert) une bataille dans laquelle il remporta une victoire complète. Tandis que presque aucun de ses soldats ne fut tué ou pris, les Brabançons eurent deux mille hommes tués et six mille environ faits prisonniers. L’exagération de ces chiffres en prouve suffisamment la fausseté. Waterlos remarque que parmi les prisonniers, un grand nombre furent ignominieusement conduits dans d’autres contrées, pour y être vendus, selon toute apparence.

En 1179, Godefroid négocia le mariage de son fils Henri (qui était déjà associé, en 1172, à la dignité ducale) avec Mathilde, héritière du comté de Boulogne, nièce et pupille de Philippe d’Alsace, comte de Flandre. Celui-ci assigna à Mathilde une rente annuelle de quinze cents livres et Godefroid promit de céder immédiatement à son fils les comtés de Bruxelles et d’Aerschot. A partir de cette époque, Henri prit de plus en plus la direction du gouvernement, soit que Godefroid fût fatigué du poids des affaires, soit qu’il eilt reconnu dans son fils une intelligence plus vive, une énergie mieux secondée par la force physique.

En 1180, il se trouva en Allemagne, où il assista, le 13 avril, à Geilenhausen, près de Mayence, à la donation que l’empereur Frédéric fit à l’archevêque de Cologne des duchés de Westphalie et d’Angrie, et, le 27 juillet, à Cologne, au traité par lequel l’archevêque et les bourgeois de sa capitale se réconcilièrent. En mai 1182, on le voit encore à la cour impériale ; il était présent lorsque Frédéric Barberousse transmit au comte de Gueldre la possession du palais et du tonlieu de Nimègue, dont il avait dépouillé le comte de Clèves. Vers cette époque, il partit pour la Terre-Sainte, accompagné d’Arnoul de Wezemael, de Louis, avoué de Hesbaie, de Henri de Limai, de Benoît de Santhoven, de Gosuin Hircus ou Boc (le Bouc), de Frison de Glabbeek et d’autres gentilshommes. Se trouvant à Jérusalem, en 1183, il y renouvela la donation par laquelle, en 1162, il avait cédé à l’hôpital de Jérusalem (depuis l’ordre de Malte) l’église Saint-Jacques sur Coudenberg, de Bruxelles, avec toutes ses dépendances et tous ses revenus. Cette cession qui, au surplus, ne fut pas maintenue, prouve que ce fut Godefroid, et non son fils Henri, comme le dit Butkens, qui partit pour l’Orient.

Pendant son absence, une grave contestation surgit entre Henri et Baudouin le Courageux, comte de Hainaut ; il faillit en résulter une guerre sanglante ; mais, grâce à l’intervention du comte de Flandre, on conclut des trêves qui devaient prendre fin au retour de Godefroid et qui cessèrent, en effet, en 1184, à la fête de saint Pierre es liens, au commencement d’août. Ces négociations brouillèrent les comtes de Flandre et de Hainaut. Tandis que celui-ci se liait avec le roi de France, Philippe d’Alsace se concertait avec les ducs Godefroid et Henri, l’archevêque de Cologne et Jacques d’Avesnes, pour opérer en Hainaut une invasion désastreuse. Baudouin s’en vengea en intervenant de nouveau dans une querelle entre le Brabant et le Namurois. Les Brabançons, qui avaient porté la dévastation chez leurs ennemis, se retirèrent à l’approche du comte, celui-ci, à la tête de trois cents chevaliers et de trente mille autres cavaliers et fantassins, étant venu se joindre à l’armée d’Henri l’Aveugle, forte de dix mille hommes environ. Ils laissèrent leur butin dans Gembloux, dont ils confièrent la défense à des troupes choisies, mais la ville fut emportée d’assaut par Baudouin ; elle fut brûlée, un grand nombre de ses défenseurs furent tués et mille d’entre eux faits prisonniers. Les vainqueurs ravagèrent toute la contrée environnante et s’avancèrent jusqu’à Mont-Saint-Guibert , qu’ils livrèrent aussi à l’incendie.

Peu de temps après, Baudouin et Henri l’Aveugle se brouillèrent et la réconciliation qui s’était opérée entre le premier et les deux ducs de Brabant