dura peu. La paix toutefois n’était pas troublée, en 1188, lorsque Godefroid, Baudouin et Henri l’Aveugle confirmèrent tous trois la cession de la dime de Trazegnies à l’abbaye de Floreffe. Godefroid intervint encore, en 1190, dans une querelle entre son fils Henri et le comte de Duras, envers qui il se porta garant de l’exécution des promesses qui lui avaient été faites.
Le 10 août de la même année (et non, comme le dit De Dynter, le 21 août 1183), il mourut, après avoir régné avec gloire pendant quarante-huit ans. Il fut enterré, près de sa première femme, dans le chœur de l’église Saint-Pierre, à Louvain, du côté du nord ; mais, comme nous l’apprend un diplôme de l’an 1316, sa tombe primitive fut changée de place, cette année, et elle a disparu par suite des reconstructions que la collégiale de Louvain a subies. Suivant Molanus, l’ancien maître-autel de Saint-Pierre, devant lequel le duc fut alors enterré, se trouvait à l’endroit où, de son temps, on voyait l’autel de Sainte-Catherine et de Sainte- Ontkommene.
Godefroid avait été marié deux fois. De sa première femme, Marguerite de Limbourg, qui mourut en 1172, il eut deux fils : Henri Ier, son successeur, et Albert, archidiacre, puis évèque de Liège, assassiné près de Reims, en 1192. Godefroid prit pour seconde femme Imaine, sœur de Gérard, comte de Looz, ce qui l’obligea plusieurs fois à intervenir dans les querelles de son beau-frère avec l’évèque de Liège. En 1180, mécontent de ce que l’abbé de Saint-Trond eût pris le parti du prélat contre Gérard, il interdit tout commerce entre ses Etats et les domaines abbatiaux. De sa deuxième union vinrent deux enfants : Guillaume, tige des seigneurs de Perwez et de Ruysbroeck, et Godefroid de Louvain, qui passa une grande partie de sa vie en Angleterre. Devenue veuve, Imaine se retira à Munster-Bilsen, où elle devint abbesse, puis elle prit l’habit de Citeaux et fut la première supérieure du couvent de Sainte-Catherine, d’Eisenach, fondé vers 1214, par Herman, landgrave de Thuringe. Sa mort arriva le 4 juin, mais on ne sait en quelle année.
Les circonstances du gouvernement intérieur de Godefroid III sont peu connues et on ne possède guère de détails sur son caractère. Le chroniqueur Gilbert l’appelle un homme bon, homo benignus. Ses actes ne portent souvent pas de date et, par contre, rappellent quelquefois, dans leur souscription, des faits mémorables, comme l’incendie du château de Grimberghe, le siège de Milan, celui d’Alexandrie de la Paille.
Godefroid III vit s’augmenter considérablement les possessions territoriales de sa race. Son alliance avec Marguerite de Limbourg lui assura des possessions très considérables entre la Meuse et le Rhin, entre autres à Lommersheim. Il fut, pour autant qu’on le sache, le premier duc auquel les archevêques de Mayence assignèrent une redevance annuelle consistant en cinquante charretées de vin, tenue d’eux en fief. La mort sans postérité d’Arnoul, comte d’Aerschot, fit tomber entre ses mains le patrimoine de ce guerrier, qui, en 1147, conduisit un grand nombre de croisés anglais, belges et allemands sur les bords du Tage, où ils aidèrent les Portugais à conquérir sur les Sarrasins la ville de Lisbonne. Le château d’Enghien, comme on l’a dit plus haut, devint aussi un fief brabançon, et tout ce que les Duras possédaient à Jodoigne, Perwez, Melin, etc., et qui formait déjà un fief du duché, fut réuni au domaine après une courte lutte entre Gilles, comte de Duras, et le duc Henri. Enfin Godefroid posséda encore, on ne sait à quel titre, des biens en Flandre, du côté de Selzaete, biens qui passèrent ensuite à Philippe d’Alsace.
Godefroid III compta parmi ses vassaux un très grand nombre de princes, de barons, de chevaliers, qui le secondèrent dans ses luttes contre quelques-uns de ses voisins ; toutefois, il ne nous est resté aucune disposition de son temps qui ait modifié l’organisation féodale en Brabant. La rébellion des Berthout constitue un fait important, mais dont l’histoire officielle n’est pas suffisamment connue.