Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Foot-Hills, ils déroulent jusque dans un lointain ravissant leurs pâturages fleuris, artistement variés par des groupes d’arbres, pâturages qui descendent en pelouses jusqu’à des cours d’eau brillants et rapides, remplis de truites au corsage rouge ; ou bien ils remontent par de douces clairières jusqu’aux forêts sombres, au-dessus desquelles se dressent des pics neigeux dans leur majesté infinie. Plusieurs d’entre eux sont des bouts de prairie d’un mille de long et très- étroits, avec un petit cours d’eau, une digue et un bassin creusés par l’industrie du castor. Il y en a des centaines auxquels on ne peut arriver qu’en marchant dans le lit d’une rivière, ou en gravissant quelque canyon étroit, jusqu’à ce qu’il débouche sur la place enchantée. Ces parcs sont les pâturages d’une multitude d’animaux sauvages, et plusieurs semblent avoir été choisis par les élans pour y déposer leurs andouillers. Il y en a un, à trois milles d’ici, dont l’herbe, pendant au moins un mille carré, est couverte de leurs magnifiques cornes branchues.

Estes-Park réunit les beautés de tous les autres. Écartez toute pensée de nos comtés de l’intérieur. Les palissades sont, ici, des montagnes de neuf, dix, onze mille pieds ; la loge, deux pics de granit, sentinelles qui gardent la seule entrée possible, et le château de la reine Anne est une log-cabin ouverte à tous les vents, ayant pour voûte un ciel d’un bleu radieux. Le parc est très-irrégulièrement dessiné et contient à peine quelque parterre de niveau : c’est un assemblage de pelouses, de pentes et de clairières qui a dix-huit milles de long à peu près et jamais plus de deux de