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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

n’était qu’une nappe de glace. Birdie glissait d’une façon si alarmante, que je descendis et marchai ; mais nous ne gardions l’équilibre ni l’une ni l’autre, et elle pouvait si bien tomber sur moi dans les ténèbres, que je pris dans mon paquet les chaussettes que l’on m’avait données chez Perry et les passai à ses pieds de devant ; cet expédient réussit admirablement pendant quelque temps, et je le recommande à tous les voyageurs dans des circonstances semblables. L’obscurité était si profonde, que je fis toutes ces opérations par le seul sens du toucher. Je remontai à cheval, laissant Birdie se diriger, car je ne voyais même pas ses oreilles ; elle glissait beaucoup sur ses jambes de derrière, et cependant nous avons réussi à traverser la partie la plus étroite du canyon, où une rivière se précipitait tout près de la route. Les pins, très-épais, craquaient et soupiraient d’une façon lugubre sous une forte gelée. J’entendais des bruits étranges difficiles à définir. Enfin, alors que les chaussettes étaient presque usées, j’aperçus la lueur d’un feu de camp sur le flanc de la colline ; deux chasseurs étaient assis auprès. Puis, à l’ouverture d’un ravin il me semblait voir des bâtiments. Je traversai la rivière, moitié à gué, moitié sur la glace, et découvris que ce lieu était celui où, malgré sa réputation quelque peu douteuse, on m’avait dit de m’arrêter. Un homme parut ; il était ivre, mais dans la période de sagesse et de bienveillance, et, la porte s’étant ouverte, on m’examina près d’un grossier comptoir, à la lueur d’une lampe à pétrole fumeuse et sans verre. Quant à la nourriture, au logement et à l’aspect général, c’est le plus vilain endroit où je me sois arrêtée. La log-ca-