Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/234

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personnage connu dans tout l’Ouest, très-redouté pour la rapidité avec laquelle il s’offense et tire son revolver. Vaniteux même dans sa tristesse, il me dit que les femmes l’adoraient, et que dans ses heures. les plus mauvaises il avait toujours été chevaleresque avec les femmes honnêtes. Il se dépeignit traversant les camps en costume d’éclaireur, une écharpe rouge autour de la taille, ses longues boucles épaisses et dorées lui tombant sur les épaules. Tout en parlant, il tournait vers moi le côté de son visage qui est resté beau, et même admirablement beau. Comme éclaireur et dans l’escorte armée de bandes d’émigrants, il fut évidemment impliqué dans toutes les querelles sanglantes d’un pays et d’une époque sans lois ; tombant de mal en pis, il variait son existence par des débauches d’ivresse qui n’avaient pour résultat que la violence et la ruine. Il semblait y avoir une lacune dans son récit, car je le retrouvai ensuite dans une ferme du Missouri, d’où il vint au Colorado il y a quelques années. Là encore, quelque détail paraissait être laissé de côté, mais je suppose, et non sans raison, qu’il s’était joint à l’une ou l’autre de ces troupes de bandits des frontières qui envahirent si longtemps le Kansas, commettant des massacres et des crimes semblables à ceux du marais du Cygne. Son renom de violence et de scélératesse l’avait précédé au Colorado, où sa profonde connaissance des montagnes et l’amour qu’il a pour elles lui ont valu le sobriquet qu’il porte maintenant. Il a un droit de squatter, quarante têtes de bétail, est en outre trappeur habile, mais l’envie et la rancune se sont emparées de son