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VOYAGE D'UNE FEMME

settler qu’il est en réalité. Il était assis plutôt que monté sur une mule maigre à laquelle on avait rasé tout le poil de la queue, à l’exception d’une touffe qui formait un gland à l’extrémité. Deux sacs de farine qui fuyaient, étaient attachés derrière la selle ; deux, couvertures et mon sac de toile étaient placés dessou : une cantine délabrée, une poêle et deux lassos étaient suspendus à la fourche. L’un des pieds de Chalmers était chaussé d’une grande botte usée dans laquelle était retroussé son pantalon ; l’autre, d’un vieux soulier, au travers duquel passaient les doigts.

Nous avons fait une ascension de quatre heures, dans un ravin qui, peu à peu, s’ouvrait sur ce « parc » splendide, mais nous avons marché pendant plusieurs milles sans que la vue s’offrit à nos yeux. De même que pour les distances astronomiques, il est difficile de concevoir l’immensité de cette chaîne de montagnes. Je suppose qu’à cet endroit elle n’a pas moins de deux cent cinquante milles d’étendue, et, avec à peine une solution continuité, elle s’étend presque du cercle arctique au détroit de Magellan. À partir de la cime du pic de Long, on aperçoit, dans un espace peu étendu, vingt-deux sommets ayant chacun 12,000 pieds de haut, et l’on voit serpenter distinctement, à travers ce désert de montagnes, la Snowy Range, épine dorsale ou séparation du continent, d’où les eaux se dirigent vers l’un ou l’autre des Océans. Depuis la première cime que nous avons traversée après avoir quitté Canyon, nous avons eu une vue singulière de montagnes au-dessus de montagnes coupées de canyons profonds, avec de nombreuses vallées elliptiques richement herbeuses. Aussi loin que