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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

se portent les regards, une herbe fine, prête pour la faux, mais qui ne nourrit que les animaux sauvages, ondule sur les pentes des collines. Tous ces sommets ont boisés de pitch pines, et là où ils descendent sur les pentes verdoyantes, les arbres ont l’air d’avoir été disposés par un jardinier paysagiste. Au loin, par l’ouverture d’un canyon, nous apercevions la prairie simulant l’Océan ; plus loin encore et dans une autre direction, les contours brillants de la Snowy Range. Cependant, jusqu’à ce que nous ayons atteint cet endroit-ci, le spectacle était monotone, quoique en somme grandiose : d’un gris vert ou gris chamois, avec des éclats de rocs aux couleurs brillantes, et varié seulement par le vert noir de pins qui ne sont pas majestueux comme ceux en pyramide de la sierra Nevada, mais ressemblent au sapin d’Écosse. À quelques milles de nous se trouve North-Park, grande étendue de terre que l′on dit riche en or, mais ceux qui y sont allés en sont rarement revenus, la région étant habitée par des tribus indiennes en hostilité perpétuelle avec les blancs, et les unes avec les autres.

À cette grande hauteur, nous arrivâmes à un grossier campement fait de troncs d’arbres, très-artistement situé, occupé pendant l’hiver par un chasseur d’élans, mais actuellement désert. Sans aucun scrupule, Chalmers a enlevé le cadenas. Nous avons allumé du feu, fait le thé, frit du lard, puis, après un bon repas, nous sommes remontés à cheval et partis pour Estes-Park. Pendant quatre mortelles heures, nous cherchons notre route çà et là, le long de toute échancrure de sol que nous pourrions supposer descendre vers la rivière la « Grande