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LÉON TOLSTOÏ

neige profonde afin d’obtenir la plus grande facilité possible de mouvements. Mais Léon Nikolaievitch une fois à sa place assignée, enfoncé dans la neige presque jusqu’à la ceinture, déclara qu’il était inutile de piétiner la neige puisqu’il s’agissait de tirer sur l’ours et non de lutter contre lui. En ayant ainsi décidé le comte se contenta d’appuyer mon fusil armé contre un tronc d’arbre de sorte qu’après avoir tiré ses deux coups, et jeté son fusil, en tendant le bras il pouvait saisir le mien. Une ourse énorme, touchée par Ostachkov dans sa tanière, ne se fit pas longtemps attendre. Elle se jeta vers le champ, le long duquel étaient placés les tireurs, par un sentier perpendiculaire qui sortait à côté d’un chasseur le plus près à droite de L. Tolstoï, ce qui faisait que le comte ne pouvait même remarquer l’approche de l’ourse. Mais la bête, flairant peut-être le chasseur, s’arrêta, prit par un sentier transversal, et, tout à fait à l’improviste, se trouva juste en face de Tolstoï et se dirigea sur lui. Léon Nikolaievitch visa tranquillement, baissa la gâchette, mais le coup, probablement, rata, puisque dans le nuage de fumée il aperçut devant lui une masse énorme qui fonçait et sur laquelle il tira presque à bout portant. La balle frappa l’ourse dans le gosier et s’arrêta entre les dents. Le comte ne pouvait se jeter de côté puisque la neige non piétinée ne lui permettait pas de se mouvoir, et il n’eut pas le temps de s’emparer de mon fusil, car il recevait aussitôt un coup terrible dans la poitrine qui le