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VIE ET ŒUVRE

Allez à l’école ! » Ils savent déjà beaucoup de choses, et, grâce à cela, la foule n’est pas nécessaire.

« … Les élèves n’apportent rien avec eux, ni livres, ni cahiers ; ils n’ont pas de leçons à apprendre chez eux. C’est peu qu’ils n’aient rien dans les mains, ils n’ont rien non plus à porter dans leurs têtes. On ne les oblige nullement à se rappeler aujourd’hui ce qu’ils ont fait hier ; la pensée de la future leçon ne les tourmente point ; l’élève ne porte que soi, sa nature impressionnable et la certitude que l’école sera aussi gaie que la veille. Il ne pense pas à la classe avant qu’elle soit commencée. Jamais on ne fait de réprimandes, et il n’y a pas de retardataires, sauf peut-être les plus grands, que les pères retiennent à la maison pour quelque travail. Et alors le grand garçon accourt à l’école au galop, tout essoufflé. Tant que le maître n’est pas encore là, ils se réunissent, les uns près du perron, se bousculant sur les marches ou faisant des glissades dans l’allée, les autres dans les salles de classe. Quand il fait froid, en attendant les maîtres, les élèves lisent ou écrivent ou s’amusent. Les fillettes ne se mêlent pas aux garçons. Quand les garçons veulent jouer avec les filles, ils ne s’adressent jamais à une seule d’entre elles, toujours à toutes ensemble : « Hé ! les filles ! pourquoi ne patinez-vous pas ? » ou : « Hé ! les filles ! êtes-vous gelées ? » ou : « Hé bien ! les filles ! allez toutes, contre moi seul ! » Seule une fillette de