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LÉON TOLSTOÏ

que sur place c’est plus vieux, cependant, pour moi, c’est agréable.

« Vous avez terminé la première partie de la Jeunesse, c’est bien ! Comme je suis triste de ne pouvoir l’entendre ! Si vous ne vous écartez pas du chemin (et il me semble qu’il n’y a pas de raison de le supposer), vous irez très loin. Je vous souhaite bonne santé, activité et liberté, la liberté morale. Quant à mon Faust, je ne pense pas qu’il vous plaise beaucoup. Mes œuvres auraient pu vous plaire et peut-être avoir quelque influence sur vous avant que vous ne soyez devenu indépendant. Maintenant vous n’avez rien à étudier en moi. Vous ne voyez que la différence de la manière d’écrire ; vous ne voyez que fautes et lacunes ; il ne vous reste qu’à étudier l’homme, son cœur, et des écrivains vraiment grands. Et moi je suis un écrivain temporaire et ne suis bon que pour les hommes qui se trouvent dans l’état passager. Eh bien, au revoir ! Soyez bien portant. Écrivez-moi. Mon adresse est maintenant rue de Rivoli, no 206[1]. »

Le 8 décembre 1856, il écrit à Tolstoï :

« Cher Tolstoï. Hier, mon bon génie m’a conduit devant la poste et j’ai eu l’idée d’aller demander s’il n’y avait pas de lettres pour moi poste restante, bien que, d’après mes calculs, mes amis devaient connaître depuis longtemps mon adresse à Paris. Et j’ai trouvé votre lettre où vous me parlez de mon Faust. Vous comprendrez aisément avec quel

  1. Premier recueil des lettres de Tourgueniev, page 27.