Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
chapitre neuvième.

vent s’élève. Un bateau comme le vôtre n’est pas ce qu’il faut pour des eaux comme les nôtres. »

Profitant de cet avis donné à si bonne intention, j’allai chercher la rive de l’est où il y avait à cette heure une bonne profondeur d’eau pour le canot. Les hauteurs du rivage étaient couvertes de pins jaunes parmi lesquels on voyait de très-beaux vieux arbres. Sur une pointe étroite de la côte est située la maison de M. Hodges Gallup, ministre baptiste, vieillard généreux et aimé de tous les pêcheurs du Sound ; il a la réputation d’avoir l’humeur aussi gaie qu’hospitalière. Son domaine s’étend à plusieurs milles sur le rivage, et les daims, qui broutaient tranquillement dans ses grands bois, formaient un joli tableau.

La côte devenait maintenant plus habitée ; pendant que je ramais, j’aperçus, sortant de chacune de ces petites cabanes, quelques baguettes qui servaient à exciter le canard aveugle, tandis que le chasseur avec son bateau, caché dans l’intérieur, attendait impatiemment les oiseaux pendant que le faux frère qui les trahissait nageait tranquillement à la surface de l’eau. À quelques milles au-dessous de la propriété de M. Gallup, le canot entra dans les grandes eaux de l’Albemarle-Sound, et à la brune je pus arriver à l’île Roanoke. Les grands bâtiments des hôtels de Nag’s Head s’élevaient sur la plage, aussi fiers qu’une fortification.

Il était déjà tard quand je traversai le petit Sound entre l’île Roanoke et la plage, et je débarquai à la première jetée de Nag’s Head après de grandes difficultés. Je fus bientôt rejoint par M. Rutter, qui tient l’hôtel