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chapitre neuvième.

rendue célèbre, deux cent soixante-douze ans plus tard, par la guerre de sécession, — les marins sonnèrent de la trompette et chantèrent des airs populaires, espérant qu’ils se feraient entendre de leurs compatriotes, sur la côte ; mais les marais et les dunes ne leur envoyèrent aucune réponse.

Dès le matin, de bonne heure, les explorateurs prirent terre sur l’île Roanoke ; elle a douze milles de long sur deux et demi de large. Ils retrouvèrent la place même où l’amiral White avait laissé la colonie en 1587 ; faisant les recherches les plus actives pour découvrir les souvenirs de ceux que l’on avait perdus, ils rencontrèrent bientôt sur le sol de l’île l’empreinte de mocassins de sauvages ; mais ce fut en vain qu’ils cherchèrent des traces de l’homme civilisé. Qu’était-il arrivé à leurs compatriotes ?

À la fin, l’un d’eux découvrit sur une plage sablonneuse un arbre qui avait été incendié et gravé ; il ne portait que ces trois lettres : C. R. 0., mais elles représentaient un monde d’hypothèses. Trois ans plus tôt, au moment des tristes adieux, et quand les navires étaient prêts à mettre à la voile pour l’Angleterre, la petite, troupe, destinée à lutter dans les déserts du nouveau monde et ayant le pressentiment du malheureux sort qui peut-être l’attendait, était convenue d’un certain repère avec l’amiral White, lui promettant que si elle était réduite à la famine sur l’île, elle transporterait la colonie à cinquante milles dans l’intérieur des terres, près d’une tribu d’indiens amis. La vérité, c’est qu’avant même le départ des navires pour l’Angleterre ; elle avait déjà fait