Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/223

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chapitre dixième.

paissent sur la plage, avec les cerfs et les bestiaux. Ils traversent les marais au printemps, et passent à la nage de la grande terre sur la grève, où ils restent à pâturer jusqu’à l’hiver ; alors ils se rassemblent par petites troupes, et, guidés par l’instinct, ils retournent aux bois des hautes terres. En quatre jours de chasse, MM. Weeks et Taylor avaient abattu vingt cerfs en remontant la rivière White-Oak. Le capitaine Heady m’apprit que les canards et les oies qu’il tuait en un hiver lui fournissaient cent livres de plumes de premier choix. La description qu’il me fit de la passe du Bogue n’était pas de nature à me donner de grandes espérances pour la prospérité future du pays ; on en peut dire autant de toutes les passes qui existent entre le Bogue et le cap Fear.

La pluie me tint renfermé jusqu’au vendredi 7 février, jour où je descendis la rivière White-Oak jusqu’au Bogue, d’où j’atteignis la passe Bear. La route que j’avais à prendre alors suivait des rivières passant au milieu des marais jusqu’à Stand-Back, près de la grande terre, ou se rencontrent les courants de marées des deux passes. Au milieu de ces eaux peu profondes, je traversais des ruisseaux sinueux, encombrés de vase, d’où se projetaient des bancs d’huîtres dont les coquilles aiguës égratignaient la quille de mon canot.

En sortant des marais, la passe New-River me conduisit au milieu des nappes d’eau qui s’étendent jusqu’à la grande terre, où l’on trouve la plantation de coton du docteur Ward. Elle occupe une superficie considérable de terre cultivée au milieu de ce pays désert. On compte presque deux milles de cette propriété à la