Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/225

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chapitre dixième.

je n’aperçus qu’un seul indice de la présence de l’homme, c’était une petite case située au pied d’une colline, près du lac Alligator. Cette maison et les défrichements qui l’entouraient, couverts de meules de grains, produit de la dernière récolte, offraient un charmant coup d’œil au canotier solitaire. Toute cette région porte le nom de Stump-Sound, y compris une nappe d’eau étroite qui ressemblait beaucoup à un lac, où j’entrai peu de temps après être sorti du lac Alligator. La passe Stump s’était formée dix-huit mois avant ma visite, et le Sound et ses tributaires ne recevaient plus les eaux de la marée que par la passe New-Topsail.

Peu de temps après avoir quitté le Stump-Sound, j’allai chercher, par une soirée froide et pluvieuse, un gîte sous un vieux hangar où sont remisés les bateaux, au débarcadère de Top-Sail. Pendant que je préparais mon campement pour la nuit, le fils du propriétaire de la plantation découvrit une merveille de laquelle il n’avait pas encore entendu parler, — un canot de papier échoué sur le sable de la grève ! Excité par la curiosité et la satisfaction, il me conduisit, ma pagaie en main, par une avenue de grands arbres, jusqu’à une colline couronnée par une belle maison. C’était l’habitation de sa famille ; il me quitta dès que nous fûmes sous la véranda, et se précipita dans le salon en criant : « C’est un marin qui arrive du Nord dans un canot en papier. »

Cette nouvelle mit tout le monde en gaieté : « Impossible ! Un canot fait de papier ! Quelle absurdité ! » Le garçon néanmoins ne se laissa pas trop interloquer.