Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/300

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chapitre douzième.

Je remontai le Savannah jusqu’à cinq milles de la ville, et après avoir quitté la rive droite, où se voient de grandes plantations de riz, j’entrai dans le ruisseau Saint-Augustin, qui est la route intérieure suivie par les bateaux à vapeur qui se rendent en Floride. Tout à côté de la ville de Savannab et près de son beau cimetière où de grands arbres avec de gracieuses guirlandes de mousse d’Espagne abritent du vent et du soleil le champ du repos, mon canot fut remisé dans une dépendance de Greenwich-Park, où M. John Hellwig l’accueillit de la manière la plus aimable, ainsi que son propriétaire .

Pendant que j’étais au bureau de la poste de Savannah, attendant mes lettres, bon nombre de dames de cette belle ville vinrent voir le canot de papier, mais elles supposaient à tort que mon pauvre petit canot était venu des pays lointains du Canada par l’océan Atlantique.

Elles envisageaient le voyage de mon canot au point de vue sentimental, tandis que pour le canotier c’était une affaire tout à fait pratique, quoique le voyage eût été parfois agrémenté d’incidents tantôt romanesques, tantôt comiques. Lorsque les dames furent rassemblées autour de mon canot, que l’on avait commencé par déposer sur la table, au milieu du salon, chez M. Hellwig, elles m’adressèrent une multitude de questions.

« Dites-nous à quoi vous pensiez en manœuvrant vos rames pendant les longues heures de la nuit. »

Bien que j’eusse la crainte d’enlever à ces dames leurs poétiques illusions, je dus les informer qu’un canotier