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chapitre treizième.

seurs d’exercer leur adresse sur la gent emplumée.

Le lundi 9 mars, la Maria-Theresa quitta l’île Broughton avec toutes sortes de bonnes choses que le généreux capitaine m’avait forcé d’accepter.

L’atmosphère était adoucie par les brises embaumées et par la chaleur du soleil, qui jouait avec les ombres des nuages sur les grands marais reverdis par le retour du printemps. Les poissons sautaient hors de l’eau lorsque je leur faisais sentir le contact de mes légers avirons.

Avant dix heures, j’étais à l’île Saint-Simon, — où M. Pierce Butler cultivait autrefois le coton, et où il avait amené sa fiancée anglaise, miss Kemble ; — l’île n’est plus qu’une plantation abandonnée. La rivière Frédérica me fit côtoyer l’île Saint-Simon, dans toute sa longueur, jusqu’au Sound Saint-Simon. L’histoire nous apprend que Frédérica fut la première ville construite par les Anglais en Géorgie ; elle fut fondée par le général Oglethorp, qui présida à la fondation et à l’établissement de la colonie. Cette forteresse était peut-être la plus belle et la plus coûteuse de toutes celles qui ont été construites dans l’Amérique du Nord par les Anglais.

En continuant ma route vers le Sud, le canot entra dans le dangereux estuaire du Sound Saint-Simon qui, avec sa passe ouverte à l’Océan, se laisse facilement traverser jusqu’à l’île pittoresque de Jekyl. Les frères Dubignon y jouissent de la vie libre des rois des forêts, en chassant le cerf sur cette ancienne résidence de leur famille. Elle était jadis le refuge hospitalier où le touriste du Nord et le marin naufragé partageaient fraternellement