Aller au contenu

Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
chapitre premier.

Sous le règne de Jacques Ier, le capitaine Whitebourne écrivait ces simples lignes : « Les pingouins sont aussi gros que des oies, et n’ayant que de courtes ailes, ils ne volent pas ; ils se multiplient en telles quantités, sur une certaine île plate, qu’on les prend par centaines à la fois, comme si Dieu avait voulu que l’innocence d’une si bonne créature devînt un admirable élément pour la nourriture de l’homme. »

Le Pilote anglais, dans son quatrième livre, publié en 1761, dont j’ai offert un exemplaire au département hydrographique des États-Unis, publiait sur cet oiseau américain, d’une espèce maintenant perdue, les lignes suivantes : « Ils ne vont jamais, comme les autres, au delà du banc de Terre-Neuve, car ils sont toujours dessus ou dedans, en bande de plusieurs, quelquefois par couples, mais jamais moins que deux ensemble. Ce sont de grands oiseaux à peu près de la taille d’une oie, avec la tête et le dos noirs comme du charbon, le ventre blanc et une tache blanche comme du lait sous un de leurs yeux ; la nature a voulu que ce fût l’œil droit. »

C’est ainsi que la voracité du marin et la chasse au pot ont fait disparaître de la surface du globe un ancien pilote qui rendait de véritables services au navigateur. De nos jours, le phare, le canon de signal et les cartes perfectionnées ont pris la place du pingouin pour venir en aide au voyageur ; et c’est presque à la distance de vingt milles en mer qu’il aperçoit les brillants éclats des phares de Saint-Paul. Après avoir doublé la petite île, le navire entre dans le grand golfe du Saint-Laurent, et, ayant passé les îles Madeleine, il prend pour