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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/34

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chapitre premier.

milles de distance, et ils inquiètent le marin superstitieux qui ignore la cause de ce tumulte.

Souvent d’épais brouillards se répandent sur les flots, et lorsque le navire avance lentement, guidé seulement par la boussole, un son bruyant alarme le capitaine qui veille. Le vacarme des eaux qui se brisent résonne à travers la brume épaisse ; il écoute : le bruit sourd et monotone des vagues qui rencontrent un obstacle se fait maintenant entendre clairement ; l’atmosphère soudainement se refroidit : c’est la respiration des bancs de glace ! Alors, l’ordre de : « Tout le monde sur le pont ! » appelle au service tout l’équipage ; les hommes, appuyés sur le bastingage du côté du vent, plongent des regards inquiets dans la brame épaisse avec une attention avivée par la crainte ; « Bien sûr, se dit le capitaine, j’ai passé les Madeleines ; je suis encore loin d’Anticosti, et cependant voilà des brisants ; quelle route faire ? » La difficulté se résout d’elle-même à la vue de murailles blanches, admirables, mais terribles, qui émergent de la brume ; les marins effrayés suivent avec inquiétude les mouvements lents de la glace flottante quand elle s’avance près de leur navire, car ils craignent toujours qu’il ne soit attiré sur la masse de glace par la puissance d’attraction particulière qu’ils lui attribuent.

Pendant qu’ils contemplent ce spectacle, les flots battent contre la base glacée de la montagne et brisent, comme s’ils dépensaient leur force sur une côte rocheuse. Du haut des flancs de la montagne qui se désagrégé, des ruisselets et des cascades tombent et se mêlent aux eaux salées de la mer. Ce spectre flottant disparaît len-