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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/45

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chapitre deuxième

avions remonté le golfe et le fleuve du Saint-Laurent jusqu’à Québec, notre point de départ, au nord. En voyant les hauteurs escarpées sur lesquelles apparaissent tant de maisons, nous éprouvâmes un très-vif plaisir, et ce fut avec un empressement extrême que nous gravîmes les abords de ses terrasses à pic, pour explorer cette ancienne et intéressante ville. La marée de vive eau s’élève aux jetées à une hauteur de dix-huit pieds, mais elle ne dépasse pas treize pieds pendant les marées de morte eau. Un peu tard dans l’après-midi, la marée montante promettait de nous aider à remonter le fleuve dont le courant, à la descente, est d’une rapidité torrentielle, et a devant la ville une profondeur de seize à vingt brasses. Contre ce puissant courant, les bateaux à vapeur, en remontant jusqu’à Montréal, mettent dix-huit heures pour faire cent quatre-vingts milles et quatorze heures à la descente, y compris deux heures d’arrêt à Sorel et aux Trois-Rivières. À six heures de l’après-midi, nous poussons au large dans le fleuve qui, à cet endroit, a environ deux tiers de mille de largeur, et nous commençons enfin notre voyage ; mais de fortes rafales s’élèvent et nous forcent à chercher un abri à la scierie de M. Hamilton, sur la rive opposée ; nous y passons la nuit, dormant sans encombre sur des coussins placés par nous sur le pont étroit de notre bateau. Nous nous proposions de passer le dimanche à ce campement ; mais lorsque parut l’aurore, on nous intima défense de faire du feu sur la jetée en planches, et nous dûmes remonter le Saint-Laurent en quête d’un lieu retiré au-dessus de l’embarcadère de Sainte-Croix, sur la rive