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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/46

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EN CANOT DE PAPIER.

droite du fleuve. La marée était haute quand nous tirâmes notre embarcation à terre, au pied d’une petite éminence. Deux heures plus tard, la marée descendante nous laissa échoués à un quart de mille du thalweg.

La largeur du fleuve à cet endroit est de deux bons milles ; son courant était si fort que les bateaux à vapeur mouillés dans le port furent obligés de recourir à leurs roues pour soulager la chaîne de leurs ancres. Le lundi, de bonne heure, nous nous aperçûmes que la marée ne venait pas jusqu’à notre bateau ; par suite, il nous fallut beaucoup de travail pour poser des planches aux dépens d’une palissade du voisinage, construire un chemin de bois, mettre le Mayeta sur des rouleaux au-dessus de la vase et des rochers, à environ cinq cents pieds de l’eau, et, une fois rembarqués, nous dûmes suivre le bord du rivage pour nous soustraire à la violence du courant, Un épais brouillard nous enveloppa ensuite, et nous obligea à camper sur la rive gauche du fleuve, près d’une cataracte qui tombait d’une hauteur de plus de cinquante pieds. Le mardi, le soleil se montra très-brillant ; mais le vent, qui d’ordinaire est debout, vint nous contrarier. La marée continua à monter pendant trois heures, avant que le jusant amortît le courant dans le thalweg. Nous ne pouvions compter sur la régularité des marées, car elles sont influencées tantôt par des vents violents, tantôt par des crues dans les affluents du fleuve. Au printemps, comme le fait remarquer un écrivain, jusqu’à ce que les eaux soient écoulées par les vallées, jusqu’à ce que les grands fleuves aient évacué