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chapitre troisième

la Belle-Évangeline. Aujourd’hui, ce sont les habitants de la Nouvelle-Angleterre qui possèdent ces vieilles fermes désertées par les colons.

Notre voyage était fréquemment interrompu par de lourdes averses qui nous renvoyaient sous l’abri de notre panneau. Les mêmes grandes églises, avec leurs doubles clochers de pierre et leur toit de zinc, brillant comme de l’argent au soleil, signalent ici, comme sur les hautes falaises du Saint-Laurent, l’emplacement des villages. Nous ramons ensuite pendant douze milles et nous arrivons à Saint-Ours, où nous passons la nuit, après avoir un peu erré dans les rues agréables et ombragées de ce village. Le lendemain, les garçons et les petites filles viennent nous dire adieu en agitant leurs mouchoirs et nous souhaitant « bon voyage ». À deux milles plus loin, nous trouvons un barrage de trois pieds de haut, construit pour donner de la profondeur à l’eau qui coule sur un bas-fond. Nous le franchissons par une écluse, en compagnie de radeaux chargés de troncs de pin à destination de New-York. Le gardien de l’écluse nous avertit qu’un droit de péage de vingt-cinq cents[1] nous sera réclamé au bassin du Chambly. Nous arrivons à Saint-Denis (six milles), où se montrent les mêmes apparences d’aisance et de richesse. Les femmes lavaient leur linge dans de grands chaudrons en fer sur le bord de la rivière ; nous entendions le bruit des rouets venant de l’intérieur des fermes ; dans des jardins bien cultivés, on voyait des ruches pleines de miel ; et ailleurs, des

  1. Un cent = cinq centimes.