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EN CANOT DE PAPIER.

granges au toit de chaume avaient leurs portes toutes grandes ouvertes, comme pour attendre la rentrée de la moisson. Par intervalle, le long de la route, sur les collines verdoyantes, s’élevaient des croix de bois peintes en blanc, car cette population, comme les Acadiens des temps jadis, est toujours très-religieuse. Au cours de l’eau descendaient des radeaux de pins portant une voile carrée, mais qui ne peuvent faire bonne route que vent arrière.

Nous passons Saint-Antoine et Saint-Marc ; le pic isolé de Saint-Hilaire se montre à une hauteur de douze cents pieds sur la rive droite du Richelieu, vis-à-vis la ville de Belœil. À un mille plus, loin, le Grand-Trunk railway traverse la rivière d’un bord à l’autre, et c’est là que nous passons la nuit. Des vents violents et des grains de pluie fréquents arrêtent notre marche. Avant d’entrer dans le canal, nous séjournons au bassin Chambly jusqu’au 16 juillet au soir. Cette localité est un lieu balnéaire fréquenté par les habitants de Montréal, qui y viennent aussi pour jouir du plaisir de la pêche, qu’on dit être très-abondante en cet endroit.

À Saint-Ours se trouve la première des huit écluses que nous avions à franchir ; le Mayeta se hissa de soixante-quinze pieds et un pouce jusqu’au plan du canal, au moyen de ces écluses longues chacune de cent dix pieds et larges de vingt-deux. Comme à l’ordinaire, les gardiens étaient polis et nous souhaitaient « bon voyage ». Le canal a été construit trente-quatre ans avant, ma visite. À dix heures du soir, n’ayant plus d’écluses à passer, nous campons dans une petite anse creusée sur