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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/55

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chapitre troisième

la berge du canal. Le lendemain, à trois heures et demie du matin, nous reprenions notre marche, et le trajet de douze milles que nous avions à faire pour nous rendre à Saint-Jean ne fut qu’un charmant exercice ; avant midi, nous arrivions sans encombre à la douane de la Confédération canadienne.

Nous nous retrouvions sur le Richelieu, ayant encore vingt-trois milles entre nous et la frontière qui sépare le Canada des États-Unis. Le courant était très-faible ; à la brune, nous passons près d’un vieux fort en ruine, situé sur l’île aux Noirs. Nous sommes là dans des régions habitées par de grosses grenouilles (rana ocellata) ; nous y passons la nuit au milieu des mugissements lamentables de ces chanteurs. Le samedi suivant, de bonne heure, nous nous dirigeons vers les États-Unis, éloignés de six milles encore de notre campement. Le Richelieu s’élargit, et nous entrons dans le lac Champlain, en passant devant le fort Montgomery, qui est à un millier de pieds environ de la frontière des États-Unis et du Canada. La construction de ce fort, commencée peu de temps après 1812, fut suspendue en 1818, quand on s’aperçut qu’il était placé sur le territoire du Canada. En conséquence, on lui avait donné le nom de fort Blunder[1]. Par le traité Webster de 1842, l’Angleterre a cédé le terrain aux États-Unis, et l’achèvement du fort a coûté plus d’un demi-million de dollars (2 500 000 francs). À la Pointe-Rouse, qui est située sur la côte occidentale du lac Champlain, à environ un mille et demi au sud de son

  1. Blunder, sottise.