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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/57

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chapitre troisième

de l’État de New-York, connu sous le nom de canton d’Adirondack, finiront, sous l’énergique influence de M. Verplanck-Colvin, par embrasser une superficie de presque cinq mille milles carrés. Dans son rapport, il dit éloquemment : « Le désert d’Adirondack peut être considéré comme la merveille de l’État de New-York ; c’est un grand parc naturel, une immense et silencieuse forêt, magnifiquement coupée par des myriades de lacs entre lesquels des montagnes de mille formes se développent comme une mer aux flots de granit. Au nord-est, les montagnes couvrent quelques centaines de milles carrés. Des pics sauvages et sans arbres s’élèvent au-dessus de la cime des bois et apparaissent, pressés les uns contre les autres, en dressant leurs crêtes rocheuses au milieu des nuages glacés. Les bêtes sauvages peuvent promener leurs regards du haut des flancs verdoyants des collines sur des bois qui s’étendent au delà de la vue, — plus loin que la ligne de l’horizon bleu et nébuleux. Le voyageur en canot considère les lacs qu’il rencontre dans ces montagnes et dans ces forêts comme une réalité renversée par la réflexion ; tantôt étonnantes dans leur grandeur et leur solennité profondes, et tantôt superbes lorsque de magnifiques teintes nacrées viennent les recouvrir de leurs splendeurs. Ici, — le bruit qui fait tressaillir le chasseur — les voix sauvages des chiens acharnés à la poursuite d’un cerf timide éveillent les échos de la solitude ; le cri lugubre du hibou pendant la nuit, et le silence qui envahit presque entièrement la forêt qui se tait peu à peu, ont aussi pour l’amant de la nature des charmes particuliers.