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CHEMIN DE FER ET CIMETIÈRE


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NOUVELLE
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SECONDE ET DERNIÈRE PARTIE[1]


II

Au bout d’une année, Lars était devenu président du conseil paroissial, directeur de la caisse d’épargne, et commissaire en chef à la cour de conciliation ; bref, il possédait tous les offices auxquels il est possible de parvenir par l’élection. Dans le conseil d’inspection pour le comté, il ne prit pas la parole pendant une année, mais, l’année suivante, il produisit la même sensation que lors de ses premiers discours au conseil paroissial : ici encore, rompant en visière avec celui qui avait été jusqu’alors le pouvoir dirigeant, il l’emporta sur toute la ligne et ce fut lui, désormais, qui commanda. De là, sa fortune le conduisit au storthing (parlement), où sa réputation l’avait précédé : aussi ne manqua-t-il pas d’y trouver des adversaires. Mais ici, bien que persévérant et ferme, il se tint toujours sur la réserve. Il ne se souciait d’exercer de l’influence que là où il était bien connu, et ne voulait pas compromettre la domination qu’il exerçait dans la paroisse par des défaites au dehors.

Sa carrière était brillante. Quand, le dimanche, il se tenait près de la porte de l’église, et que la congrégation passait lentement, le saluant tout bas, et que chacun s’arrêtait pour échanger quelques mots avec lui, on pouvait dire en toute vé-



  1. Pour la première partie, voir la livraison de février.