Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
CHÂTIMENTS


— Galant, depuis hier matin, mon mari est parti seul en voyage, monté sur son grand cheval blanc. Il ne reviendra que demain soir, au coucher du soleil.

— Mie, dis-moi où est allé ton mari.

— Galant, mon mari s’en est allé loin, bien loin, du côté du soleil levant. Il s’en est allé sur la cime d’une haute montagne, porter une miche de pain noir et une cruche d’eau à un vieux prisonnier qui, depuis vingt et un ans passés, vît enchaîné dans une tour. Encore un rien qui vaille, celui-là. J’entends qu’il y passe, comme mon mari.

— Mie, dis-moi comment j’entrerai dans la tour.

— Galant, contre les murailles de la tour, le pic et la mine ne peuvent rien. Pour ouvrir et fermer la porte de fer, il faut une clef d’or, une clef d’or unique au monde.

— Mie, je t’aime. Mie, tu es plus belle que le jour. Mie, pauvre mie, dis-moi vite où est la clef d’or, la clef d’or unique au monde.

— Galant, la clef d’or, la clef d’or unique au monde pend nuit et jour au cou de mon mari.

— Ah ! garce ! Je sais tout. Tu as fini de mal faire. »

D’un tour de main, le capitaine étrangla la vieille reine, ouvrit la fenêtre et jeta la carcasse dans la cour.