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CHÂTIMENTS


Au bout de trois ans, la marâtre n’était pas encore enceinte. Alors, elle se prit à penser :

— « Voilà déjà trois ans que je suis mariée. Certes, je ne suis pas plus mule[1] qu’une autre. Puisque mon homme ne m’aime pas, je vais lui montrer ce que je sais faire. »

Le lendemain, au point du jour, l’homme coupla ses bœufs, pour aller labourer son champ.

— « Pars, mon homme, dit la marâtre, et ne rentre qu’après le coucher du soleil. À midi, je t’enverrai ton dîner. Je t’enverrai une belle croustade[2] pleine de viande, et une jarre de bon vin vieux. »

L’homme partit. Alors, la marâtre se mit à pétrir la pâte de la croustade. Les deux enfants la regardaient faire.

— « Enfants, votre place n’est pas ici. Courez au bois. Ramassez chacun votre faix de broussailles. Pour celui de vous deux qui reviendra le premier, je vais pétrir un beau gâteau. »

Les deux enfants coururent au bois, ramasser chacun son faix de broussailles. Une heure après, Jean repartait chargé d’un gros fagot.

— « Attends-moi là, petite sœur. Tout-à-l’heure, je t’apporterai la moitié de mon gâteau. »

  1. Stérile.
  2. Sorte de vol-au-vent.