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LES BELLES PERSÉCUTÉES


— « Allons, mes amis, en selle. »

Tous trois partirent au grand galop. Au coucher du soleil, ils étaient dans un pré, sous de grands arbres. Là, coulait une fontaine d’argent.

— « Écoute, La Fleur, dit la Princesse. Je n’ai pas de vivres à te laisser. Il te reste encore deux pommes rouges comme des coquelicots. Mange-les, si tu veux. Mais garde-toi de boire à la fontaine d’argent. À minuit juste, je reviendrai, et nous irons nous marier dans le pays de mon père.

— Princesse, vous serez obéie. »

La Princesse partit, et le maître et le valet s’endormirent sous les grands arbres. Une heure après, le capitaine se réveilla l’estomac vide. Alors, il mangea les deux pommes rouges comme des coquelicots. Aussitôt, la soif le prit, si terrible, si terrible, qu’il but à la fontaine d’argent. À la première lampée, il se rendormit comme un plomb.

Juste à minuit, la Princesse arriva. La Fleur dormait toujours.

— « Valet, dit-elle, ton maître m’a désobéi. Mais toi, tu fais ce qu’on te commande. En paiement de tes services, voici un mulet chargé d’or. Quand ton maître se réveillera, dis-lui que je lui donne jusqu’à demain, à midi, pour me trouver au pays où soufflera le Vent d’Autan.