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AVENTURES PÉRILLEUSES


et frappa la croix. À la première entaille, le sang coula.

— « Ah ! mon Dieu, il est arrivé malheur à mon frère. Hardi ! mon chien. Gagne ton avoine, mon bon cheval. »

Au soleil couchant, le cadet des jumeaux était dans la ville, où la femme de son frère pleurait toutes les larmes de ses yeux, et priait Dieu de lui rendre son mari.

— « Madame, crièrent les gens de la ville, voici votre mari qui revient.

— Ah ! mon Dieu, mon bon ami. Je craignais qu’il ne vous fût arrivé malheur dans la maisonnette mal habitée. »

Le cadet des jumeaux ressemblait tellement à son frère aîné, que tout le monde le prenait pour lui. Il soupa avec la dame, et s’alla coucher avec elle. Mais en montant au lit, il plaça entre elle et lui son épée nue[1]. Le lendemain, à la pointe du jour, le cadet des jumeaux sella son cheval, siffla son chien, et s’en alla frapper à la porte de la maisonnette mal habitée.


  1. Le fait de l’épée nue mise dans le lit m’est fourni par Marianne Bense, qui sait ce conte, mais moins bien que Catherine Sustrac dont j’ai préféré la dictée. Celle-ci dit : « Mais à peine fut-il au lit, qu’il se tourna du côté du mur, et s’endormit comme une souche, de sorte qu’il ne se passa rien de toute la nuit. »