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SUPERSTITIONS

— C’est bon. Demain, à l’heure du dîner, je saurai si tu m’as dit vrai.

En effet, le lendemain, à l’heure du dîner, le père ne quitta pas sa fille de l’œil.

— « Foi, qu’emportes-tu sous ton tablier ?

— Père, ce sont des roses et des fleurs.

— Voyons. »

Foi écarta son tablier. Mais il se trouva que, par un miracle du Bon Dieu, les plats qu’elle emportait pour les pauvres furent aussitôt changés en roses et en fleurs.

Alors, le père manda le bourreau et ses deux valets.

— « Carogne ! sorcière ! Tu as fini de mal faire. Bourreau, prends cette vaurienne. Va la faire cuire à petit feu, jusqu’à ce que son corps ne soit qu’un charbon. »

Le bourreau et ses deux valets obéirent. Ils prirent la pauvre fillette, et la menèrent hors ville, juste à l’endroit où plus tard on a bâti l’église de Sainte-Foi. Là, ils la couchèrent sur un gril de fer, et la firent cuire à petit feu. Mais Foi n’avait pas même l’air de souffrir. Elle chantait des cantiques, et regardait en l’air la sainte Vierge, et les angelots prêts à l’emporter en paradis.

Pendant que Foi chantait ainsi sur son gril de fer, un jeune chrétien, nommé Caprais regardait, caché dans les rochers du coteau qui domine la