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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/389

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Divers

philosophe Sénèque ? Voilà, Messieurs, voilà le grave problème qui s’impose à vos méditations. »

XI. — Il y avait autrefois, à Lectoure, un avocat, voleur comme une pie, gourmand comme une lèchefrite. Cet avocat avait en main le procès du plus grand braconnier du pays. C’est dire qu’il mangeait souvent des lièvres et des perdreaux qui ne lui coûtaient pas cher.

Enfin, à force de chicaner, l’avocat gagna son procès. Aussitôt, il écrivit au client :

— « Mon ami, viens vite. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. »

À lettre vue, le braconnier alla prendre dans son garde-manger, quatre beaux perdreaux, tués de la veille, les lia par les pattes avec une cordelette, et les mit dans un panier, sous une bonne couche de foin. Deux heures après, il entrait à Lectoure, par le faubourg, et s’arrêtait chez un cordonnier de ses amis. En ville, tout le monde savait déjà que le braconnier avait gagné son procès. Pour mieux l’en complimenter, le cordonnier mena son ami boire un coup, à la cuisine.

Tandis que tous deux choquaient le verre, les apprentis du cordonnier fouillaient vite, vite, dans le panier.

— « Quatre perdreaux ! Bonne affaire ! »

En un tour de main, les perdreaux étaient rem-