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Divers

force les deux vieilles formes à la figure de l’avocat, et lui cassa la mâchoire.

XII. — Ce même avocat avait gagné le procès du meunier de Repassac[1], qui n’avait pas son pareil comme pêcheur. Aussitôt, il écrivit au client :

— « Mon ami, viens vite. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. »

À lettre vue, le meunier alla prendre une paire de superbes anguilles, qu’il tenait en réserve dans une auge, les enferma dans un panier rempli d’herbe, et ficela le couvercle. Cela fait, il s’habilla de neuf, et partit pour Lectoure, en prenant par le hameau de La Côte[2]. Là, il s’arrêta un bon moment chez un tisserand, pour avoir des nouvelles d’une pièce de toile que la meunière attendait. Tandis que les deux hommes devisaient, la femme du tisserand déficela le panier, enleva les deux superbes anguilles, et rétablit vite le couvercle comme auparavant.

Le meunier repartit, et entra, fier comme un paon, dans le cabinet de l’avocat. À la vue du panier, le chicaneur se mit à rire.

— « Bonjour, mon ami.

  1. Moulin sur le Gers, dans la commune de Lectoure.
  2. Hameau à mi-chemin entre Lectoure et le Gers.