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CONTES FAMILIERS

doubles louis d’or et de quadruples d’Espagne. C’est pour vous aider à vivre. Tous les ans, à pareil jour, venez en chercher autant. »

L’âne de six francs partit au grand galop. À midi, le Marchand de peignes de bois et sa femme étaient au milieu d’une forêt.

— « Femme, arrêtons-nous sous ce grand chêne. J’ai grand faim, et je suis las.

— Avec plaisir, Marchand de peignes de bois. »

Tous deux dételèrent l’âne de six francs.

— « Va quêter ta vie, pauvre bête. »

Tandis que l’âne de six francs se flanquait une forte ventrée de chardons, le Marchand de peignes de bois et la princesse dînèrent de bon appétit, sous le grand chêne, et s’endormirent côte à côte, le mari coiffé d’un de ses bonnets de coton.

Dormez, braves gens. Dormez, tandis que je parle de Compère Renard, du Loup, et du Grand Lion.

Au risque de se rompre le cou, Compère Renard affamé avait enfin sauté du poulailler. Alors, il se mit à penser :

— « Gueux de Marchand de peignes de bois. Avec ton aiguillon, tu m’as ensanglanté tout le cul. Mais patience. Nous nous retrouverons, et je te mangerai les tripes. »

Ceci pensé. Compère Renard partit à la re-