— Grain-de-Millet, pose-le sous cet arbre.
— Père, c’est fait. Goûtez, Je labourerai pour vous.
— Grain-de-Millet, tu ne pourras pas.
— Père, fiez-vous à moi. »
Tandis que son père goûtait, Grain-de-Millet se hissa jusqu’à la pointe de la corne droite du bœuf Caubet[1]. Et le voilà parti.
— « Ha ! Lauret. Ha ! Caubet[2]. »
Jamais bouvier n’avait labouré de telle façon.
En ce moment, l’évêque de Lectoure passait, revenant de Fleurance[3], dans une superbe voiture. Il s’étonna fort de voir une paire de bœufs labourer seule, et d’entendre des cris de bouvier, sans voir celui qui criait.
— « Métayer, dit-il à l’homme qui goûtait, métayer, qu’est donc ceci ?
— Monseigneur, c’est mon fils Grain-de-Millet, qui laboure à ma place.
— Métayer, je l’entends ; mais je ne le vois pas.
— Monseigneur, mon fils est trop petit pour être vu. C’est pourquoi il s’appelle Grain-de-Millet.