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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/97

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Les gens avisés

— Métayer, je veux ton fils pour cocher. Vends-le-moi. Je t’en donne mille pistoles.

— Monseigneur, excusez-moi. Grain-de-Millet n’est pas à vendre. »

La voiture de l’évêque de Lectoure repartit. Quand elle fut loin, Grain-de-Millet dit à son père :

— « Père, pourquoi ne m’avez-vous pas vendu, pour mille pistoles, à l’évêque de Lectoure ?

— Grain-de-Millet, je tiens à toi.

— Père, vendez-moi. Je saurai bien m’en retourner à la maison.

— Grain-de-Millet, ce que je n’ai pas fait aujourd’hui peut se faire une autre fois.

— Père, retournez à la maison. Bientôt, le champ sera labouré. Fiez-vous à moi, pour ramener les bœufs à l’étable, et pour les panser. »

Ce qui fut dit fut fait. Le champ labouré, Grain-de-Millet ramena ses bœufs à l’étable. Mais, en pansant son bétail, il tomba dans le fourrage, et fut avalé par Caubet.

Inquiets de ne plus entendre leur fils, le métayer et la métayère entrèrent dans l’étable, en criant :

— « Grain-de-Millet ! Grain-de-Millet !

— Je suis dans le ventre de Caubet[1].

  1. En gascon :

    « Grun-de-Millet ! Grun-de-Millet !
    Soui dens lou bente dou Caubet. »