Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/162

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Servie, une partie non possédée par elle, de la Dalmatie et l’une des deux rives du Danube. De son côté, maîtresse de la rive opposée, la Russie dominait la Mer Noire, s’installait à Constantinople, sauf à s’élancer de là sur l’Asie.

Depuis Pierre Ier, on le sait, la Russie n’avait cessé de convoiter la possession du Bosphore, et son ambition n’avait été que trop bien secondée par la France et par l’Angleterre trompées. C’était à son profit exclusif qu’avait eu lieu le fait d’armes de Navarin. Elle en avait poursuivi les conséquences avec une vivacité menaçante pour nous et cependant applaudie. Mais elle ne devait pas même s’arrêter au traité d’Andrinople.

Mahmoud avait essayé la réforme de son empire. Vaine tentative ! L’originalité des races fait leur force. Mahmoud, en brisant les vieilles traditions, énerva son peuple sans le rajeunir ; et l’épuisement de la race jadis si vigoureuse des Osmanlis n’était lui-même qu’un symptôme de la décadence de l’Islamisme.

Déjà le dogme du fatalisme, admis par l’Orient, avait laissé reconnaître à des signes certains sa désastreuse influence. Condamné par ce dogme à rester immobile pendant que le dogme opposé de la liberté humaine versait au sein des nations occidentales d’irrésistibles ardeurs, l’Orient semblait redemander à l’Europe la vie qu’autrefois il lui avait donnée, et il se présentait comme un domaine riche et sans bornes, mais inculte et sans possesseurs.

Y appeler la Russie, c’était lui livrer tout l’avenir.

Quant à la France, la Révolution de 1789 l’avait