Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/30

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31 mars, alla rendre compte à Napoléon de ce qu’il avait vu, son indignation était si grande que, pour l’exprimer, il cherchait en vain des paroles. Napoléon était dans ce moment en arrière d’Essonne. Le colonel Fabvier se présente à lui, des larmes dans les yeux. Il avait à dire à l’Empereur que l’armée ennemie occupait Paris ; que cette armée était formidable ; qu’elle venait d’être accueillie dans la capitale avec transport ; et il aurait pu ajouter que lui, soldat, il avait couru risque d’être massacré en cette qualité par des gardes nationaux, et n’avait dû la vie qu’a la protection d’un officier russe ! « Que dit-on de moi, demanda l’Empereur au colonel ? — Sire, je n’ose vous le répéter ; — mais encore ? — On vous injurie de toutes parts. — Que voulez-vous ? reprit Napoléon avec sérénité, ils sont malheureux : les malheureux sont injustes. » Et pas une parole amère ne sortit de sa bouche.

La chute de Napoléon était donc dans les lois du développement de la bourgeoisie. Une nation peut-elle être à la fois essentiellement industrielle et essentiellement guerrière ? Il aurait fallu ou que Napoléon renonçât à son rôle militaire dans le monde, ou qu’il rompît brusquement avec la tradition bourgeoise et industrielle. Vouloir en même temps régner par le glaive et continuer l’Assemblée constituante, c’était une folie. La France ne pouvait pas avoir tout à la fois les destinées de