Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/215

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cendre dans l’arène : les légitimistes, les bonapartistes et les républicains.

Les premiers étaient peu redoutables, à cause de leurs grandes richesses. Leur intérêt politique était que le gouvernement nouveau fût renversé ; mais leur intérêt social demandait qu’il ne s’écroulât point sous l’effort d’un peuple déchaîné. Exposés à voir leurs fortunes englouties dans la tempête, s’ils avaient l’imprudence de l’exciter, ils étaient dans une position singulièrement fausse et contradictoire : conservateurs et factieux à la fois, amis du désordre pourvu qu’il consentît à expirer au seuil de leurs opulentes demeures, révolutionnaires tout pleins de la haine des révolutions, forcés, en un mot, de pousser à l’anarchie avec le désir de ne pas réussir trop complétement.

Quant au parti bonapartiste composé d’hommes graves, il avait des racines partout, dans le peuple, dans l’administration, dans l’armée, jusque dans la pairie. Mais il avait un drapeau plutôt qu’un principe. C’était là l’invincible cause de son impuissance. Ceux, d’ailleurs, qui étaient naturellement appelés à le guider, avaient déjà une position faite, qu’il leur importait de ménager. C’étaient des généraux de l’Empire, vieux pour la plupart, plus propres aux batailles qu’aux insurrections, et en qui la passion de l’imprévu se trouvait amortie sinon épuisée. Ajoutez à cela que le gouvernement leur avait laissé peu de chose à désirer.

Le parti le plus redoutable était donc le parti républicain. Faible et presque imperceptible au mois de juillet, il s’était, depuis, rapidement accru. Ses