Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/374

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avait craint une tentative dirigée contre les jours de Louis-Philippe.

Ce fut pendant ce voyage que Casimir Périer, dont une circonstance particulière avait excité le mécontentement, écrivit au maréchal Soult, qui accompagnait le roi : « Si cela continue, je vous brise comme verre. »

Le 14 juillet, jour anniversaire de la prise de la Bastille, le projet formé de planter un arbre de la liberté donna lieu, dans Paris, à des scènes tumultueuses. Un jeune homme, nommé Désirabode, s’était élancé un pistolet à la main à la rencontre du magistrat qui, suivi d’un détachement de gardes nationaux, voulait s’opposer a cette démonstration populaire. Ce jeune homme fut entouré par les gardes et tomba percé de plusieurs coups de baïonnettes. On n’eut pas à déplorer d’autre malheur, et les rassemblements se dissipèrent après avoir fait redouter un moment quelque grande catastrophe.

La chambre des députés avait été prorogée le 20 avril ; le 3 mai, elle fut dissoute. On a vu sur quelles bases elle avait assis la domination de la bourgeoisie. Casimir Périer lui imposait irrésistiblement la loi de son orgueil, il avait obtenu d’elle près de treize cent millions par provisoire, et se tenait d’autant plus assuré de la conduire qu’elle lui obéissait sans l’aimer. Mais on pensa que cela même la rendait importune au roi, qui, d’ailleurs, couronné par elle, lui devait une reconnaissance dont il était, peut-être, secrètement offensé.