Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/66

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de réponse. Inquiets, ils descendent alors l’un et l’autre chez madame de Feuchères. « J’y vais monter bien vite, s’écrie-t-elle quand il entendra ma voix, il me répondra. » Et elle s’élance hors de son appartement, à moitié vêtue. Arrivée à la porte avec M. Bonnie et Lecomte : « Ouvrez, Monseigneur, ouvrez ! c’est moi ! » Toujours le même silence. Mais déjà l’alarme s’était partout répandue. Les valets de chambre Manoury et Louis Leclerc, l’abbé Briant, M. Méry-Lafontaine, étaient accourus. Au moyen d’une masse en fer apportée par un des gens de service, Manoury heurte la porte violemment, brise le vantail du bas, et pénètre dans la chambre avec Lecomte et Bonnie. Les volets étaient fermés, l’obscurité était grande. Pourtant, une bougie brûlait dans l’âtre du foyer, mais derrière un garde-feu en tôle qui en dirigeait vers le plafond la clarté douteuse. À cette faible lueur, la tête du prince fut entrevue, collée contre le volet de la croisée du nord. On eut dit d’un homme qui écoute. La croisée du levant, ouverte par Manoury, ne tarda pas à éclairer un affreux spectacle. Le duc de Bourbon était pendu ou, plutôt, accroché à l’espagnolette de la fenêtre. La porte fut ouverte chacun se précipita. On n’arrêta sur le seuil que madame de Feuchères, qui se laissa tomber en gémissant sur un fauteuil du cabinet de toilette. En même temps un grand bruit se faisait dans les cours du château. C’est monseigneur qui est mort ! criaient les domestiques effarés. Entendant courir sous ses fenêtres, l’aumonier du prince se hâte vers le lieu de cette scène étrange, et il aperçoit dans le salon d’attente, M. de Préjean, debout