Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/68

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sur le lit ; plus tard, le juge d’instruction de Pontoise, par qui fut dressé l’état des lieux. De son côté, le roi, instruit vers les onze heures et demie de l’évènement, avait envoyé à St.-Leu M. Guillaume, son secrétaire, MM. de Rumigny, Pasquier, de Sémonville et Cauchy. Quoique héritier du sang, Louis de Rohan ne fut point prévenu et n’apprit que par les journaux la mort du prince dont un testament ignoré lui avait enlevé l’héritage.

Les divers procès-verbaux rédigés dans cette journée conclurent tous, à travers beaucoup d’inexactitudes que devait relever une enquête ultérieure, au suicide par strangulation. Et en effet, le verrou fermé intérieurement paraissait rendre inadmissible l’hypothèse d’un assassinat. Ce fut donc sous l’empire d’une préoccupation exclusive qu’on agit dans les premiers moments ; et cette préoccupation était si forte que, dans l’impossibilité d’expliquer autrement la mort volontaire du duc de Bourbon, M. Bonnie crut devoir mettre au nombre des moyens de suicide une chaise qu’il déclara, plus tard, devant la justice, n’avoir pu servir à ce triste usage, à cause de la distance où elle se trouvait du corps. Cette chaise, il l’avait poussée du pied en pénétrant dans la chambre, et il supposait, dans son procès-verbal, que le prince y était monté pour se donner la mort.

Cependant, et même avant qu’on eût appris combien il était facile de ramener, du dehors, un verrou dans sa gache, la supposition du suicide allait s’affaiblissant peu à peu dans tous les esprits. L’âge du prince, la trempe peu énergique de son caractère, ses sentintents religieux bien connus, l’horreur qu’il