Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/14

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rifié de l’avoir pour chef ? Une nature à la fois expansive et attirante ; une activité infatigable ; une pénétration sans pareille ; une facilité singulière à se plier aux situations les plus embarrassantes ; un esprit plein de ressources et d’expédients ; une séduction de langage et de manières qui désarmait les inimitiés les plus violentes… que d’éléments de succès ! Jamais, d’ailleurs, il n’était arrivé à un homme de commander à ce point aux émotions d’une assemblée et de régner d’une manière aussi absolue par la magie de la parole. Orateur, M. Berryer rappela plus d’une fois Mirabeau. Et pourtant M. Berryer ne pouvait rien pour le parti légitimiste auquel appartenait son talent, d’abord, parce que la foi lui manquait, ensuite parce que c’était à un sentiment et à une organisation d’artiste que tenaient ses facultés les plus précieuses. Plébéien par l’origine et par l’éducation, il s’était révélé dans un moment où l’aristocratie en France ressaisissait le pouvoir. Il s’était montré à elle comme un soutien presque nécessaire, et elle l’avait adopté, bien résolue à ne se livrer à lui qu’en l’absorbant. Humilité intelligente, propre à toutes les aristocraties, et qui, en Angleterre, a placé une race née pour l’orgueil sous les ordres de sir Robert Peel, fils d’un fabricant de coton, créé baronnet par Pitt ; sous les ordres de lord Lyndurst, fils d’un peintre ; sous les ordres de lord Wellington, représentant de la race irlandaise et bourgeoise des Wellesley ! Une fois admis et recherché dans un monde où tout n’était que grâce, parfums, harmonie, visages souriants, douces paroles, vie élé-