Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/163

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Montalivet à la nation, et la majorité de la chambre ayant voté l’ordre du jour sur cet incident, M. Odilon Barrot, suivi de cent quatre députés, se rendait dans la salle des conférences pour y rédiger une protestation formelle contre un mot inconciliable, disait-il, avec le principe de la souveraineté nationale. Rien n’était plus propre à faire apprécier exactement les dispositions d’une grande partie de la classe dominante à l’égard de la royauté. La chambre, cependant, finit par accorder à la couronne tout ce qu’on demandait pour elle : dotation immobilière, dotation mobilière, domaine privé ; elle déclara même acquises à la liste civile, les sommes que le roi avait touchées jusqu’alors, et qui lui avaient été payées sur le pied de 18 millions ; un douaire fut attribué à la reine, en cas de décès de son époux ; et la dotation annuelle de l’héritier présomptif fut fixée à un million.

Le triomphe semblait éclatant pour la cour. Mais les débats qui avaient eu lieu dans la presse, les redoutables lettres de M. de Cormenin, les longues discussions dont la chambre avait retenti, le blâme sévère dont un ancien ministre, M. Dupont (de l’Eure), avait publiquement frappé des prétentions qu’il jugeait scandaleuses, le mécontentement manifesté par une grande partie de la bourgeoisie, et 107 boules noires trouvées dans l’urne du scrutin, tout cela laissait la cour sous le coup d’une véritable défaite. Ceux qui adoptaient le principe monarchique avaient tort de refuser au monarque une existence fastueuse. Qui veut un roi, doit savoir le subir.