Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/168

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il troublait tout. Sa politique ne pouvant être ni cruelle, à cause des mœurs, ni absolue, à cause des lois, elle paraissait d’autant plus mesquine qu’elle se montrait plus arrogante. C’est un pouvoir malhabile que celui qui affiche des prétentions plus étendues que ses ressources. Ce fut, sous Casimir Périer, le tort du gouvernement. Il en résulta que l’audace des partis ne fit que s’accroître, et bientôt la légalité ne suffisant plus pour les contenir, il fallut recourir soit à des actes arbitraires, soit à des expédients peu honorables. Déjà au dernier anniversaire de la prise de la Bastille, on avait vu des jeunes gens qui voulaient planter un arbre de la Liberté, tomber sous le gourdin d’ouvriers qu’un obscur agent de la police avait enrégimentés en bandes d’assommeurs, en leur promettant trois francs par jour. Ce guet-à-pens avait été dénoncé à la Tribune par MM. Mauguin et Odilon Barrot, et M. Casimir Périer avait repoussé avec beaucoup de hauteur le reproche d’avoir commandé de tels excès. Mais si le gouvernement, comme il est probable, n’avait point trempé dans cette odieuse machination, œuvre d’un fanatisme subalterne et bas, on pouvait au moins l’accuser de n’avoir pas poursuivi les auteurs du désordre, de n’avoir pas ordonné une enquête sévère, et même d’avoir souffert que le Moniteur fit officiellement l’éloge du zèle que les assommeurs avaient déployé contre l’émeute.

Du reste, l’arbitraire grandissait de jour en jour ; les mandats de dépôt lancés contre les écrivains se multipliaient ; sur les indices les plus frivoles,